Histoire Actualités d'amérique latine
Peu de temps avant d'être assassiné, Jorge Eliécer Gaitán, populaire et charismatique leader de gauche qui allait être élu président, déclarait que s'il était tué "la violence durera[ait] cinquante ans". C'était il y a soixante ans, et la guerre n'a jamais tout à fait cessé depuis.
Les torrents de la violence ont débordé il y a plus de cinquante ans : selon Jorge Eliécer Gaitán, c'était le temps qu'il leur faudrait pour retrouver leur niveau normal si quelqu'un osait lever la main sur lui.
Aujourd'hui, soixante ans exactement après son assassinat, ces torrents ne sont toujours pas rentrés dans leur lit. Dans beaucoup de régions, ils sont devenus des fleuves de sang, et les Colombiens en sont encore à essayer d'éteindre le feu de la vengeance allumé par les conservateurs et les libéraux. L'époque que nous vivons est différente de celle de "La Violencia" - de 1948 à 1953, libéraux et conservateurs se livrèrent une véritable guerre dont le bilan est estimé à 300 000 morts - , mais la mort du "tribun du peuple", sans doute le seul caudillo populaire qu'ait jamais eu le pays, a marqué l'histoire de la Colombie.
Dans sa vie courte mais intense, cet homme a réussi par son exemple, ses idées révolutionnaires et ses discours incendiaires à comprendre et à incarner les espoirs des masses populaires. Il a réussi à faire du problème social le cheval de bataille le plus important du pays. Après sa mort, ni le Parti libéral ni aucun autre personnage politique n'a repris son flambeau.
Cet homme qui avait l'air d'un métis et que les élites qu'il combattait appelaient avec mépris "el negro" [le Noir] est né en 1898 dans une famille modeste. De sa mère, qui était institutrice, il a appris une leçon très importante : qu'il fallait respecter les hommes en fonction de leur dignité et de leurs mérites, et non pas en fonction de leur statut social et économique. Plus tard, lorsqu'il est devenu un avocat prestigieux et une figure publique, il a continué à défendre les petites gens, les causes perdues et les victimes du pouvoir et de l'injustice.
Entre 1929 et 1948, alors qu'il était tour à tour sénateur, maire de Bogotá, magistrat et ministre [de l'Education], Gaitán "le Noir" a continué à défendre la même ligne sociale, politique et philosophique, mais sans les ambiguïtés et les contradictions d'autres idéologues ou leaders en action. Il combattait l'oligarchie de son parti [le Parti libéral], mais cherchait aussi à s'en faire reconnaître. Il se battait pour le peuple, mais le traitait aussi parfois avec un certain mépris, et ses positions ne permettaient pas toujours de savoir si c'était un populiste, un anarchiste, un homme de gauche ou un révolutionnaire.
Lorsqu'il parlait de la restauration morale de la République, Gaitán pensait - parfois en avançant des idées contradictoires - à la construction d'un Etat du peuple. Dans cet Etat, le gouvernement devait rechercher le bien de tous et non de quelques-uns. Gaitán parlait de la nécessité de démocratiser la propriété de la terre, de rendre le vote obligatoire, de favoriser l'éducation publique, de permettre au peuple d'accéder à la culture et à l'hygiène, d'encourager l'épargne populaire, de financer les petites entreprises et de reconnaître l'égalité des droits de la femme. Il a cherché à mettre fin à la politique de la bureaucratie et du clientélisme. Il a été un critique impitoyable des réélections et des nominations diplomatiques, qui selon lui ne servaient qu'à permettre aux hommes politiques de rester en vacances électorales ou à renvoyer l'ascenseur. Parmi tous ses discours et ses interventions, il n'en a lu que cinq : les autres étaient improvisés.
Gaitán a joué un rôle important dans la défaite du Parti conservateur en 1930, mais aussi dans la victoire de celui-ci en 1946, parce qu'il a maintenu sa candidature à la présidence contre la volonté du Parti libéral, qui lui avait préféré Gabriel Turbay. La conséquence de cette division a été l'élection du conservateur Mariano Ospina Pérez, ce qui a ouvert les vannes à la violence politique. Cette débâcle libérale a cependant été le triomphe de Gaitán, qui a conduit son parti à la victoire lors des élections législatives de 1947 et en a fait la seule option possible pour le pouvoir : c'était sûr, "le Noir" allait être président.
Les trois balles qui ont mis fin à sa vie le 9 avril à midi en plein centre de la capitale ont changé le cap du pays [l'assassin a été arrêté, mais les commanditaires du crime n'ont jamais été identifiés]. Le pouvoir, les partis, l'armée, l'Eglise, Bogotá et même la presse n'ont plus jamais été les mêmes.
...........1/2
Peu de temps avant d'être assassiné, Jorge Eliécer Gaitán, populaire et charismatique leader de gauche qui allait être élu président, déclarait que s'il était tué "la violence durera[ait] cinquante ans". C'était il y a soixante ans, et la guerre n'a jamais tout à fait cessé depuis.
| ||
Aujourd'hui, soixante ans exactement après son assassinat, ces torrents ne sont toujours pas rentrés dans leur lit. Dans beaucoup de régions, ils sont devenus des fleuves de sang, et les Colombiens en sont encore à essayer d'éteindre le feu de la vengeance allumé par les conservateurs et les libéraux. L'époque que nous vivons est différente de celle de "La Violencia" - de 1948 à 1953, libéraux et conservateurs se livrèrent une véritable guerre dont le bilan est estimé à 300 000 morts - , mais la mort du "tribun du peuple", sans doute le seul caudillo populaire qu'ait jamais eu le pays, a marqué l'histoire de la Colombie.
Dans sa vie courte mais intense, cet homme a réussi par son exemple, ses idées révolutionnaires et ses discours incendiaires à comprendre et à incarner les espoirs des masses populaires. Il a réussi à faire du problème social le cheval de bataille le plus important du pays. Après sa mort, ni le Parti libéral ni aucun autre personnage politique n'a repris son flambeau.
Cet homme qui avait l'air d'un métis et que les élites qu'il combattait appelaient avec mépris "el negro" [le Noir] est né en 1898 dans une famille modeste. De sa mère, qui était institutrice, il a appris une leçon très importante : qu'il fallait respecter les hommes en fonction de leur dignité et de leurs mérites, et non pas en fonction de leur statut social et économique. Plus tard, lorsqu'il est devenu un avocat prestigieux et une figure publique, il a continué à défendre les petites gens, les causes perdues et les victimes du pouvoir et de l'injustice.
Entre 1929 et 1948, alors qu'il était tour à tour sénateur, maire de Bogotá, magistrat et ministre [de l'Education], Gaitán "le Noir" a continué à défendre la même ligne sociale, politique et philosophique, mais sans les ambiguïtés et les contradictions d'autres idéologues ou leaders en action. Il combattait l'oligarchie de son parti [le Parti libéral], mais cherchait aussi à s'en faire reconnaître. Il se battait pour le peuple, mais le traitait aussi parfois avec un certain mépris, et ses positions ne permettaient pas toujours de savoir si c'était un populiste, un anarchiste, un homme de gauche ou un révolutionnaire.
Lorsqu'il parlait de la restauration morale de la République, Gaitán pensait - parfois en avançant des idées contradictoires - à la construction d'un Etat du peuple. Dans cet Etat, le gouvernement devait rechercher le bien de tous et non de quelques-uns. Gaitán parlait de la nécessité de démocratiser la propriété de la terre, de rendre le vote obligatoire, de favoriser l'éducation publique, de permettre au peuple d'accéder à la culture et à l'hygiène, d'encourager l'épargne populaire, de financer les petites entreprises et de reconnaître l'égalité des droits de la femme. Il a cherché à mettre fin à la politique de la bureaucratie et du clientélisme. Il a été un critique impitoyable des réélections et des nominations diplomatiques, qui selon lui ne servaient qu'à permettre aux hommes politiques de rester en vacances électorales ou à renvoyer l'ascenseur. Parmi tous ses discours et ses interventions, il n'en a lu que cinq : les autres étaient improvisés.
Gaitán a joué un rôle important dans la défaite du Parti conservateur en 1930, mais aussi dans la victoire de celui-ci en 1946, parce qu'il a maintenu sa candidature à la présidence contre la volonté du Parti libéral, qui lui avait préféré Gabriel Turbay. La conséquence de cette division a été l'élection du conservateur Mariano Ospina Pérez, ce qui a ouvert les vannes à la violence politique. Cette débâcle libérale a cependant été le triomphe de Gaitán, qui a conduit son parti à la victoire lors des élections législatives de 1947 et en a fait la seule option possible pour le pouvoir : c'était sûr, "le Noir" allait être président.
Les trois balles qui ont mis fin à sa vie le 9 avril à midi en plein centre de la capitale ont changé le cap du pays [l'assassin a été arrêté, mais les commanditaires du crime n'ont jamais été identifiés]. Le pouvoir, les partis, l'armée, l'Eglise, Bogotá et même la presse n'ont plus jamais été les mêmes.
...........1/2
Mar 31 Jan - 12:44 par tlemceni15
» abon bis tv
Dim 29 Jan - 19:20 par tlemceni15
» Abonnement
Dim 27 Sep - 15:00 par laichifethi
» Abderahmane qui vous salues
Mer 15 Juil - 18:30 par animus
» Salutations d'un nouveau parmi vous
Mer 15 Juil - 18:28 par animus
» LES BOUQUETS DE ALGERIECELL SERVER
Mar 9 Juin - 14:11 par Admin
» mes salutations a tous
Sam 26 Juil - 7:48 par 2in1
» trouve le numero de carte monitique
Jeu 20 Mar - 14:05 par riahi
» présentation
Jeu 26 Déc - 20:57 par baboune